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Trois pylônes électriques se regardent en chiens de faïence. Les câbles qui les lient n’alimentent rien d’autres que la rumeur et la perplexité du spectateur attentif. Suspendu à l’une de ses lignes qui découpent le ciel, une paire de patins à roulettes (fondues). La monumentale sculpture de David Ancelin nous plonge dans ses histoires préférées, ces « récits autobiographiques collectifs » et autres légendes urbaines qui battent le pavé et qui n’ont de cesse de se réécrire à chaque irruption. Ses collages bricolés teintés d’humour interrogent l’aventure d’un geste ou d’un objet populaire référencé, toujours trop chargés historiquement, économiquement, socialement.
Le principe du Shoe Tossing, aussi connu sous le nom de Shoefiti (contraction de Shoes et graffiti), consiste à utiliser ses chaussures comme projectiles, à la manière de bolas, et de parvenir à les suspendre, lacets noués, à un câble électrique (ou téléphonique). L’origine de cette pratique est floue, son interprétation diverse, même si elle renvoie généralement au thème du rite de passage : paire de rangers (peintes en jaune ou orange) expédiée à la fin du service militaire pour symboliser le retour à la vie civile, baskets usées pour marquer la fin d’une année universitaire ou fêter la perte d’un pucelage. Les sneakers évoqueraient également un code indiquant le territoire d’un gang (ou la mort d’un des leurs), un « lieu de vente » (la couleur des tennis correspondant à une drogue) comme un pont sémantique entre la nature addictive des produits et la paire de chaussures nouée. D’autres racontent qu’on suspendait ses chaussures usées parce que c’était plus drôle que de les jeter à la poubelle.
La version incongrue de David Ancelin multiplie les pistes à la manière du « téléphone arabe » (Chinese Whisper en anglais), évoquant une certaine histoire (orale) du rock à travers le titre de la pièce Chinese Rock qui fait explicitement référence à la chanson du même nom, enregistrée par le groupe punk Heartbreakers en 1976 et qui évoquent une claire addiction à l’héroïne (“Somebody calls me on the phone / Say hey-hey-hey is Dee Dee home / You wanna take a walk / You wanna go cop / You wanna go get some Chinese rock”). Paroles écrites (par Dee Dee Ramone) en réponse à la mièvre chanson du Velvet Underground, composée par Lou Reed, Heroin. Toute une histoire…

Julien Blanpied, 2011

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